Le télescope ASTEP à la station Concordia en Antarctique observe en continu l’étoile Beta Pictoris depuis le début de l'hiver austral.
Le télescope ASTEP du 16 février au 17 mars à minuit heure locale.
[animation: 21 janvier - 21 mars]
Avec l’arrivée de la nuit polaire en Antarctique, les observations de l’étoile β Pic avec le télescope ASTEP viennent de débuter. Il s’agit d’observer un système d’une étoile très jeune et de sa planète géante, de tenter de découvrir des lunes ou des anneaux et au delà, de résoudre un mystère: La variation de brillance de l’étoile observée en 1981 était-elle due au passage de la planète devant son étoile? Pour la première fois, dans le cadre d’une collaboration internationale, un télescope va pointer cette étoile célèbre en continu, depuis mars jusque septembre 2017. Ceci n’est possible que parce que ce télescope automatique est localisé au milieu du continent Antarctique, et qu’il bénéficie d’une nuit presque continue lors de l’hiver austral. Les premières courbes de lumière de β Pic sont très prometteuses.
L’étoile β Pic est célèbre: c’est la première étoile pour laquelle on a pu imager un disque protoplanétaire en 1984. C’est aussi autour de cette étoile que l’on a déduit pour la première fois la présence d’”exocomètes”. En 2008, une planète a été découverte à environ 8 unités astronomiques de son étoile (à peu près la distance de Saturne au Soleil). L’étude de cette planète, β Pic b, et du disque de poussière autour de l’étoile, est une source d’information unique pour comprendre ces systèmes très jeunes et la formation des planètes. Le suivi en imagerie de l'orbite de beta Pic b montre que celle ci va passer devant son étoile (ou presque) durant l'été 2017. Cette opportunité ne se reproduira pas avant 18 ou 36 années. La détection d’un transit (la planète passant exactement devant l’étoile) serait une révolution dans le domaine car elle permettrait pour la premiere fois d’avoir toutes les caractéristiques physiques d’une exoplanète qu’on peut imager directement. Elle permettrait aussi d’observer des anneaux, un disque autour de l’étoile et/ou des lunes, ce qui n’a encore jamais été fait! Les variations photométriques vont être enregistrées. Peut-être se révèleront-elles semblables aux étranges variations photométriques observées en 1981 et attribuées dans les années 90 soit à une planète, soit à des comètes. Or, entre avril et septembre 2017, seuls les télescopes en Antarctique sont bien placés pour observer β Pic.
Grâce au soutien de l’Institut polaire français Paul Emile Victor (IPEV), l’Université Côte d’Azur, l’Observatoire de la Côte d’Azur et le Laboratoire Lagrange disposent d’un télescope automatisé capable d’observer cette étoile en continu depuis la station Concordia en Antarctique. Cette station gérée par les instituts polaires italien et français est une base permanente: elle est habitée aussi l’hiver, ce qui permet un suivi des instruments. ASTEP est un télescope automatisé de 40cm de diamètre. Il est capable d’observer dans les conditions difficiles de l’Antarctique: des températures qui ont atteint -65°C et qui pourront descendre jusque -80°C au coeur de l’hiver austral. Ce télescope, qui a fonctionné avec succès de 2010 à 2014 a été réinstallé à Concordia fin 2016, motivé par une collaboration internationale incluant l’Université de Grenoble et l'Université de Californie, Berkeley (USA). Les premières courbes de lumière viennent de nous parvenir. Elles sont d’excellente qualité. Bien que nous n’ayons que quelques heures d’observations, nous pouvons déjà confirmer que β Pic est une étoile variable et étudier ses oscillations. Son suivi en continu sera riche en enseignements. L’aventure commence!
Premières courbes de lumière de l’étoile β Pic obtenues par le télescope ASTEP
depuis l’Antarctique les 5, 6 et 7 mars 2017. Les courbes montrent clairement les oscillations de l’étoile.
Contacts
Tristan Guillot, Laboratoire Lagrange, CNRS UMR 7293, Observatoire de la Côte d’Azur, Nice, France, Tél.: +33 4 92 00 30 47 / +33 6 20 75 86 29 - Courriel : tristan.guillot@oca.eu
Djamel Mékarnia, Laboratoire Lagrange, CNRS UMR 7293, Observatoire de la Côte d’Azur, Nice, France, Tél.: +33 4 92 00 19 73 / +33 4 92 07 63 90 - Courriel : djamel.mekarnia@oca.eu